Après « le siècle ismaélien de l’Islam » (L. Massignon), le milieu du xie siècle marque dans l’histoire du monde musulman un décisif tournant : apparition, au premier plan sur la scène politique, des Turcs seljoukides sunnites. Refoulant le chiisme jusque-là prépondérant (Bouyides et Fatimides), ils imposent aux pays conquis de nouveaux modes de penser et de vivre, sans atteindre l’Occident où la Berbérie s’affranchit de la tutelle orientale. Désormais, « l’Orient et le Maghreb se tournent le dos » (J. Sauvaget).

Portés par la vague des invasions turques au travers de l’Asie centrale, les petits-fils de Seljuk triomphèrent de l’armée des Ghaznévides et continuèrent leur route vers l’ouest, fondant un empire qui unifia pour un temps les provinces persanes. L’un d’eux Toghroulbeg, après s’être installé à Nichâpour (1038), détruisit la puissance Bouyide, se fit reconnaître sultan par le calife de Bagdad (1055), et en quelques années (1055-1092) les trois grands sultans seljoukides, Toghroulbeg, Alp-Arslan et Malik-Châh, secondés par le vizir persan Nizâm-al-Molk, réalisèrent une œuvre imposante.

Non seulement ils dotèrent leur empire d’une organisation politique et sociale, qui servira de modèle à tout l’Orient musulman, mais ils se firent sur tous les fronts les défenseurs de l’islam sunnite et, non contents d’avoir délivré le calife abbasside du joug des Bouyides chiites, annihilèrent l’action des sectes et s’efforcèrent de répandre l’enseignement de l’orthodoxie (fondation de madrasas). Envahissant l’Asie Mineure qu’ils enlevèrent aux Byzantins, ils établirent également leur domination sur la Syrie fatimide (1070) jusqu’au moment où l’arrivée des croisés transforma le Proche-Orient en y introduisant des principautés franques (1099) qui devaient s’y maintenir pendant plus de deux siècles.

À la mort de Malik-Châh l’Empire seljoukide, partagé entre ses frères et ses fils, commença à se disloquer et s’émietter.

Les gouverneurs de provinces s’émancipant (Atabegs), on vit se former des dynasties locales en Syrie, Mésopotamie, Arménie et Perse. Celle des Zenguides de HauteMésopotamie, illustrée par Nour al-Dîn (1146-1173) qui étendit son pouvoir sur la Syrie tout entière, se distingua dans la lutte contre les Francs, reprise ensuite par Salah al-Dîn (Saladin) (1169-1193), fondateur de la dynastie Ayyoubide en Égypte, qui, après avoir pris la succession de Nour al-Dîn, réussit à s’emparer de Jérusalem (1187). Une seule branche seljoukide parvint à se maintenir jusqu’à l’invasion mongole, celle des « sultans de Roum » (1092-1327) en Asie Mineure (capitale : Konya).

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L’islam
( Dominique Sourdel )

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