Historique de la notion d'espece

nature
Auteur:
Source ou livre:
Numéro de la page:

HISTORIQUE DE LA NOTION D’ESPÈCE

La notion d’espèce est à l’origine un concept empirique qui se traduit par le langage : quelle que soit la société considérée, les divers animaux et plantes reçoivent des noms différents, qui leur sont spécifiques. Mais ce sont Platon et Aristote, dans l’Antiquité, qui les premiers évoquent la notion d’espèce « typologique ». Selon eux, une espèce représente une forme idéale, et les variations individuelles ne sont que l’expression d’une imperfection.

Jusqu’au xixe siècle, le créationnisme (doctrine selon laquelle toutes les formes de vie ont été mises en place lors de la Création divine du monde) défend une conception fixiste de l’espèce : une espèce donnée est considérée comme immuable. Les naturalistes définissent alors les espèces vivantes selon leur taille, leur forme et leur comportement.

À la fin du xviie siècle et pendant la première moitié du xviiie, John Ray puis Georges Buffon proposent de classer les espèces non plus selon des critères morphologiques, mais selon des critères dits mixiologiques : les espèces sont différenciées non seulement par leur forme, mais aussi et surtout par l’impossibilité qu’ont les individus de chacune des espèces de pouvoir se reproduire entre eux de façon naturelle. Les lions et les tigres, par exemple, peuvent produire des tigrons par reproduction artificielle (hybridation), mais ils ne se reproduisent pas naturellement entre eux : ce sont donc des espèces différentes. Par ailleurs, les produits de telles hybridations entre espèces différentes sont stériles (ils ne peuvent eux-mêmes avoir une descendance). C’est Carl von Linné qui, à partir de 1735 (avec les éditions successives de son ouvrage Systema Naturae, le Sytème de la nature), pose les bases du système de classification encore en vigueur actuellement.

La théorie de l’évolution de Charles Darwin (parue en 1859 sous le titre De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle), apporte à la notion d’espèce une dimension qui pose aux biologistes actuels d’importants problèmes d’individualisation. En effet, cette théorie repose sur le fait qu’une espèce peut évoluer, par le biais des phénomènes adaptatifs, vers la formation de nouvelles espèces. Ce processus, la spéciation, étant extrêmement lent, l’évolution d’une espèce crée l’apparition de sous-espèces intermédiaires, chacune adaptée au milieu qui l’environne. Entre deux espèces, il existe donc un continuum de sous-espèces très proches. La notion d’espèce étant dès lors envisagée comme un ensemble continu, à quel moment peut-on dire que deux espèces sont différentes ?

Par ailleurs, il est difficile d’appliquer les notions de différences entre espèces à une période géologique ou à une vaste aire géographique. En effet, une caractéristique différenciant deux espèces perd sa validité dans l’espace et dans le temps géologique, car la morphologie, le comportement et l’habitat de l’espèce évoluent constamment.

Source : Encarta 2007.

comments powered by Disqus