Histoire de la botanique : Antiquité

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Antiquité

C’est seulement avec la pensée grecque que naît une science organisée, un savoir synthétique et désintéressé : il y a une botanique d’Aristote. Même si le Περ̀ι φυτ̃ων (Des plantes) qu’on lui a attribué n’est pas ce qu’il avait écrit, sa théorie des plantes transparaît dans ses œuvres zoologiques. Les deux grands ouvrages de son disciple Théophraste, le Περὶ φυτω̃ν ἱστορία (Histoire des plantes), qui est une botanique générale distinguant les organes des plantes et envisageant leurs fonctions, et le Περὶ φυτω̃ν αἰτῖων (Des causes des plantes), qui étudie le déterminisme des phénomènes végétaux et le rapporte à la température et à l’eau, permettent d’affirmer que dès lors la botanique en tant que science est née.

Et pourtant elle va disparaître, en quelque sorte absorbée par la médecine, les autres utilisations des plantes ne nécessitant pas semblable recherche. Il n’y a pas de maux auxquels la bonne nature n’ait prévu de remède dans les plantes. Certains ont été révélés par les dieux ou les héros. Il faut chercher : toutes les plantes peuvent cacher des remèdes utiles. Et la botanique n’a plus d’existence en tant que science. Les rhizotomes grecs, ou coupeurs de racines, essayent de trouver dans les racines, dans les feuilles, fleurs et fruits, dans les sucs qu’ils expriment, les moyens de guérir les maladies humaines. Des nombreux auteurs grecs postérieurs à Théophraste (372-287 av. J.-C.), le plus typique est Dioscoride, dont l’ouvrage (en traduction latine De materia medica) parut vers 50 après J.-C. Il y présente plus de six cents espèces végétales. Parfois sans décrire la plante qu’il étudie (par exemple : « La ronce est de connaissance vulgaire. Elle a la vertu de… »), il commence tout de suite d’énumérer les emplois médicaux, souvent multiples, et les préparations auxquelles on peut avoir recours. D’autres fois, il donne brièvement les caractères principaux de la plante que le récolteur de simples pourra reconnaître, pas assez nettement néanmoins pour que nous soyons certains d’avoir identifié toutes les plantes de Dioscoride ; il indique dans son article si plusieurs plantes portent le même nom. Cet ouvrage devait durant seize siècles jouer un rôle considérable.

Chez les Latins, les débuts de la botanique sont à base d’agronomie (Caton, Varron, Columelle), puis également de médecine. Ce sont les Histoires naturelles de Pline l’Ancien, mort en 79 après J.-C., qui revêtent le plus d’importance. Plus générales mais aussi pratiques que le Dioscoride, elles ont avec lui, pour la botanique, d’étroits rapports : souvent, la traduction latine du De materia medica donne exactement le texte de Pline. On pense à une origine commune, à savoir les écrits grecs de Sextius Niger, que nous n’avons pas , mais auxquels Pline se réfère souvent.

Le Moyen Âge ne modifie pas l’orientation médicale de la botanique : Arabes (Abd Allatif), Byzantins (Siméon Sethus) et Occidentaux (école de Salerne, abbesse Hildegarde, Albert le Grand) joignent d’excellentes observations botaniques à des essais thérapeutiques. Si le mot botanica fait une apparition presque fortuite, il désigne un chapitre de la médecine.

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