Hocine Ait Ahmed

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AÏT AHMED, HOCINE (1926-2015)

Né le 20 août 1926 à Taka (Djurdjura) en Kabylie, Hocine Aït Ahmed est issu d’une famille maraboutique influente dont le père est caïd. Après des études à l’école coranique, il rentre à l’école française et obtient son certificat d’études primaires en 1939. Il est admis sur concours au lycée de Ben Aknoun.

Sa scolarité est bousculée par le débarquement allié en Afrique du Nord. Le lycée étant réquisitionné par l’armée américaine en 1943, Aït Ahmed se retrouve lycéen à Tizi Ouzou. C’est là qu’il adhère au PPA* clandestin où il milite en compagnie d’une quinzaine d’élèves. Cadre des Scouts musulmans algériens* (SMA), il participe à la création de groupes en Kabylie. Grâce à Ouali Bennaï, il assiste, en mars 1945, au congrès des AML* à Alger.

À la suite des événements du 8 Mai, il est volontaire pour rejoindre le maquis en Kabylie, avec cinq camarades lycéens et préparer « l’insurrection générale » prévue pour le 23 mai, selon les directives de la direction. Après le contre-ordre qui annule le soulèvement, Aït Ahmed entre définitivement dans la clandestinité jusqu’en 1962. Il fait partie de la direction du PPA-MTLD de Kabylie et participe activement à la réunion des cadres du parti de décembre 1946 et au congrès de février 1947 où il remet en cause la stratégie de la direction du parti. En 1948, il fait son entrée au Bureau politique (BP) et succède à Mohamed Belouizdad malade, à la tête de l’Organisation spéciale* (OS) qu’il dote d’un programme conforme au rapport qu’il a présenté à Zeddine en décembre 1948. Il définit la lutte de libération comme une guerre de partisans qui doit s’appuyer sur la paysannerie.

Ce moment d’organisation de l’OS coïncide avec la crise dite « berbériste » de 1949 dont la conséquence est sa mise à l’écart – à tort – en octobre 1949, au profit d’Ahmed Ben Bella*. Après de longues années de clandestinité, il parvient à quitter l’Algérie et s’installe au Caire en mai 1952. Membre de la délégation du MTLD et du bureau du Maghreb arabe, il défend la nécessité de développer l’action diplomatique, pour faire connaître le mouvement de libération au Maghreb. C’est ainsi qu’il participe à la conférence de Rangoon en janvier 1953 et œuvre à l’ouverture de comités de soutien au Pakistan, en Inde et en Indonésie. Il fait partie des neuf chefs historiques qui décident le déclenchement de la Guerre d’indépendance sous la bannière du FLN*. Il représente le FLN à la conférence de Bandoeng* et à l’ONU* en 1955 et ouvre le bureau de la délégation du FLN à New York. Arrêté dans l’avion de la délégation extérieure du FLN détourné par les autorités françaises le 22 octobre 1956, il est emprisonné jusqu’à l’indépendance.

Depuis la prison*, il soutient les résolutions du congrès de la Soummam*, en appelle à l’urgence de former un gouvernement provisoire, s’insurge contre l’assassinat d’Abane*. Membre du CNRA* et du GPRA*, il ne manque pas d’adresser des propositions à la direction du FLN. À l’indépendance, il est député à l’Assemblée nationale constituante*, se montre critique vis-à-vis de l’orientation du Gouvernement et entre en conflit avec Ben Bella. Il est membre de la commission chargée de préparer la Constitution avant d’en démissionner en protestation de l’avant-projet de Constitution élaboré par le BP et Ben Bella. Il fonde le Front des forces socialistes (FFS) le 29 septembre 1963 et entre en opposition armée contre le gouvernement. Accusé de séparatisme kabyle, il est arrêté en octobre 1964. Condamné à mort en avril 1965, puis gracié, il s’évade le 1er mai 1966 de la prison d’El Harrach. C’est en Suisse* où il s’installe qu’il poursuit son opposition et son combat pour les droits de l’homme. Il rentre en Algérie après les événements sanglants d’octobre 1988 et réorganise son parti. Il participe aux différents débats politiques et décède le 25 décembre 2015 à Lausanne.

Ali GUENOUN

Bibl. : Hocine Aït Ahmed, Mémoires d’un combattant. L’esprit d’indépendance. 1942-1952, Messinger, 1983 • —, La Guerre et l’aprèsGuerre, Minuit, 1964 • Ali Guenoun, La Question kabyle dans le nationalisme algérien. 1949-1962, Vulaines-sur-Seine, Le Croquant, 2021.

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